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LE PRÉSIDENT DE LA LDH
Ref : JPD/PN/441/08
Chers amis,
Le Comité central qui s’est réuni le 6 septembre a pris connaissance avec émotion
et indignation des conditions dans lesquelles une mère de trois enfants, confrontée
à une expulsion ordonnée au profit de l’OPAC d’Istres le jour même de la rentrée scolaire,
s’est donné la mort le 2 septembre.
Je tiens à vous assurer de l’entière solidarité de toute la LDH avec votre action pour
protester contre cette situation inhumaine et interpeller les autorités concernées afin
que non seulement les plus élémentaires considérations d’humanité mais encore le respect
d’un droit au logement qui ne saurait être « opposable » seulement en paroles exclue qu’elle
puisse se reproduire.
Il va de soi que vous pouvez faire de cette lettre tout usage utile, y compris public,
à la cause que nous défendons ici.
Amitiésamitiés ligueuses.
Jean-Pierre Dubois
Président de la LDH.
Communiqué du Collectif « Non à EDVIGE »
le 10 septembre 2008
Une conférence de presse a réuni le 9 septembre les 12 organisations signataires d'un recours commun en annulation devant le Conseil d'Etat du décret créant le fichier EDVIGE, ainsi que bon nombre d'organisations et individus signataires de l'Appel « Pour obtenir l'abandon d'EDVIGE ».
La mobilisation contre la mise en place de ce fichier est immense et témoigne de l'inquiétude légitime de la population face aux attaques qu'il porte contre les droits fondamentaux et les libertés publiques et individuelles. Cette mobilisation a enfin été entendue et le Président de la République a souhaité que les libertés publiques soient préservées. La ministre de l'intérieur sur TF1 hier s'est déclarée prête à recevoir les organisations qui le lui demanderaient mais pour ensuite décider d'exclure a priori les représentants des 800 organisations et des 135000 signataires individuels du Collectif « Non à EDVIGE ».
Cette mise à l'écart va manifestement à l'encontre de la démarche d'apaisement et de dialogue mise en avant par le Président de la République pour garantir les libertés.
Elle apparaîtra incompréhensible aux yeux de l'opinion publique et de nature à jeter un total discrédit sur l'action de la Ministre de l'Intérieur, comme sur la parole du Président de la République.
Pour le Collectif, le retrait du décret est un préalable à l'ouverture d'un débat parlementaire sur le respect des libertés publiques, débat dont l'annonce nous réjouit : il est plus que temps que les citoyens, par l'intermédiaire de leurs représentants, reprennent leur place dans une discussion qui n'aurait jamais dû leur échapper.
Dès aujourd'hui, les organisations demandent donc à rencontrer les groupes parlementaires des deux assemblées pour remettre les citoyens au coeur du débat.
Elles réaffirment leur volonté de voir ce décret annulé.
Si le décret n'était pas retiré d'ici là, elles appelleront les citoyens à fêter la sainte EDVIGE le 16 octobre en se rassemblant à Paris et en région pour faciliter le travail de la police et déposer leur propre fiche individuelle de renseignement auprès des services concernés, afin de démontrer que l'absurdité sécuritaire aboutit, peu ou prou, à ficher toute la population.
Dans l'attente du retrait du décret 2008-32, le Collectif « non à edvige » appellent l'ensemble des défenseurs des libertés de ce pays à amplifier la mobilisation en signant et en faisant signer l'appel « Pour obtenir l'abandon d'EDVIGE » http://www.nonaedvige.ras.eu.org, pour qu'enfin le gouvernement se résolve définitivement à retirer ce décret liberticide.
COMMUNIQUE DE LA LIGUE DES DROITS DE L’HOMME, SECTION ISTRES -OUEST PROVENCE
Le suicide d’une jeune mère de famille du quartier Rassuen à Istres que la police et un huissier venaient expulser le jour de la rentrée des classes continue de provoquer une immense émotion.
En signant massivement, sur le marché le 9 septembre, la pétition de la LDH qui demande à Monsieur le Sous-Préfet l’arrêt des procédures d’expulsion, la population istréenne a largement exprimé sa solidarité et sa volonté de ne plus voir une famille mise à la rue.
Les signataires (plus de 500 signatures recueillies en deux heures) rappellent à l’ensemble des décideurs , justice, bailleurs sociaux et pouvoirs publics que le droit au logement est un DROIT FONDAMENTAL
Istres,
Mardi 9 septembre 2008
Contact téléphonique : 06 10 25 42 82
Plus jamais ça !
Suite à la tragédie survenue à Istres le 2 septembre,
quartier de Rassuen, lors de l’expulsion d’une famille de trois
enfants, expulsion qui est à l’origine du suicide d’une jeune
maman, nous demandons à monsieur le Sous-Préfet d’Istres, l’arrêt
immédiat de toutes les procédures d’expulsion en cours.
Plus aucune famille ne doit être mise à la rue et privée d’un toit.
« Le droit au logement est un droit fondamental »
Signez la pétion en envoyant , nom, prénom , adresse
Incontournable utopie
Jean-Jacques De Felice – Hommes et Libertés - Paris 2006
Par réalisme, je crois à l’utopie.
Tout simplement parce qu’elle peut être la réalité de demain si nous le voulons.
Les exemples abondent, et jusque dans notre expérience de militants de la Ligue des Droits de l’Homme.
Défaite de l’apartheid en Afrique du sud, abolition de la peine de mort, suppression des tribunaux militaires et de la cour de sûreté, inscription d’un droit au logement dans nos textes, etc.
Qui pourrait soutenir que ces luttes éminemment nécessaires, n’étaient pas totalement utopiques, vouées à l’échec, combattues par une large fraction de l’opinion publique ? Elles ont cependant été suggérées et voulues souvent par quelques personnes seules, réalisées par celles et ceux qui se sont mobilisés, qui ont crié souvent dans le désert et ont fini par se faire entendre car, chacun le comprend au fil du temps, ils avaient raison.
Certes les batailles essentielles ne se gagnent que par l’action collective, raisonnée et raisonnable : les militants d’une association de défense des droits de l’Homme le savent d’autant mieux qu’ils se servent d’abord et avant tout de cette forme d’action.
Ils mènent une action politique au sens le plus élevé du terme, sans perspective de pouvoir : ils mobilisent les énergies des citoyens regroupés autour d’un objectif clair, parfaitement expliqué, susceptible d’être atteint non par des moyens minables ou violents mais par des actes ne disqualifiant pas la fin recherchée.
Et l’utopie reste essentielle : manifester comme nous le faisons souvent, pour le « droit à des papiers pour tous » ne veut pas dire que l’objectif est réalisable immédiatement mais qu’il est souhaitable d’imaginer un droit réel à la vie pour chacun, dans un pays qui n’est pas toujours celui choisi mais représente enfin, et après tant de souffrances vécues une réelle espérance de survie.
Les « réalistes », dont la fertile imagination s’applique à produire des textes législatifs de plus en plus répressifs, se trompent absolument.
Il faut sans cesse tenir les deux extrémités de la chaîne : défendre ceux qui subissent des réglementations rétrogrades, en connaître et en analyser tous les mécanismes pour mieux protéger contre l’arbitraire mais ne jamais s’habituer à ces textes tout à fait provisoires.
Il nous appartient de faire changer la loi, de lui donner un contenu plus humain et plus fraternel.
Seuls les utopistes ont ce regard vers des lointains apparemment inaccessibles : ils cherchent souvent en tâtonnant mais tentent, avec raison, de réaliser ce qui a été justement rêvé !
Marina Petrella est "soignée et bien soignée" a déclaré Rachida Dati, et elle poursuit "Les conditions de détention sont équivalentes et les soins qui peuvent être prodigués en Italie sont similaires à ceux qui peuvent être prodigués en France". Quand on sait que selon son médecin traitant elle est "en danger de mort", qu'elle est en grande "dénutrition", ayant perdu 20% de son poids depuis son arrestation et pesant aujourd'hui 39 kg, on ne peut que s'interroger sur la qualité des soins dont nous parle Rachida Dati.
Mais au delà de son cynisme cette déclaration est surtout une manière de réfuter la demande d'application de la "clause humanitaire", prévue par la convention européenne d'extradition de 1957. En effet la possibilité de refuser l'extradition est liée à un aggravement de la situation de la personne extradée, aggravation niée par Rachida Dati dont nous ne connaissions pas encore les compétences médicales.
Aucun argument n'aura donc été épargné, tour à tour par Nicolas Sarkozy et Rachida Dati pour justifier cette décision d'extradition.
Nicolas Sarkozy évoque l'absence de base légale à la doctrine Mitterrand, François Mitterand alors président de la république s'était engagé à ne pas extrader "les réfugiés italiens qui ont participé à l'action terroriste avant 1981…ont rompu avec la machine infernale dans laquelle ils s'étaient engagés, ont abordé une deuxième phase de leur propre vie, se sont inséré dans la société française". Il est tout de même surprenant que cette absence criante de base légale n'ait été découverte que si tardivement. Elle a engagé la France pendant trois septennats, soit deux présidents de la République, et neuf Premiers ministres. Et même le porte parole du gouvernement Balladur de 1993 à 1995 ne l'a pas dénoncée, .il s'appelait Nicolas Sarkozy.
Nicolas Sarkozy oublie de mentionner par contre que Marina Petrella a été jugée selon les lois “ spéciales ” de l’Italie des années de plomb avec ses tribunaux spéciaux et ses procédures dénoncées par de nombreuses associations de défense des droits de l'Homme.
Enfin Nicolas Sarkozy ne s'émeut pas du cynisme de son ami Silvio Berlusconi. Alors qu'il réclame l'extradition de Marina Petrella et refuse toute amnistie, Silvio Berlusconi vient de faire voter une loi lui accordant l'impunité et suspendant son procès en cours pour corruption de témoin, pour des faits beaucoup moins anciens.
La justice de classe se porte bien !
Marina Petrella doit être libérée.
Paris, le 21 juillet 2008
Révision constitutionnelle :
loin des citoyens, une occasion manquée
C’est donc par une seule voix de majorité que la révision constitutionnelle aura été adoptée par le Congrès. Les manœuvres, débauchages et pressions en tous genres auront finalement sauvé d’extrême justesse le projet initialement présenté comme une véritable refondation démocratique mais qui, au fil des navettes et des combinaisons, s’est réduit à un toilettage étriqué passant à côté de l’essentiel.
Excepté l’ouverture aux citoyens de la saisine du Conseil constitutionnel, on cherchera en vain dans cette énième retouche de la Constitution de la Vème République le souffle réformateur annoncé et si nécessaire. Ni la suppression de la scandaleuse exception française que représente le cumul des mandats, ni l’octroi aux étrangers non communautaires du droit de vote aux élections locales qu’attend depuis des années une majorité de Français, ni la fin de l’anomalie unique au monde démocratique que représente le régime électoral du Sénat, ni un équilibrage sérieux des dérives présidentialistes ne sont au rendez-vous.
Au contraire, c’est la fonction du Premier ministre qui est sournoisement sapée au profit d’un côté de l’hyperprésident et de l’autre des majorités des assemblées parlementaires. Et les avancées apparentes des droits des citoyens, qu’il s’agisse du Défenseur des droits ou du référendum d’initiative parlementaire et populaire, relèvent en réalité du trompe-l’œil voire de la régression habilement dissimulée (s’agissant notamment des menaces qui pèsent sur la CNDS).
Peau de chagrin sur le fond, petits arrangements entre amis sur la procédure : à aucun moment les citoyens n’auront été saisis ne serait-ce que d’espaces de débats sur ce qui leur était présenté comme une rénovation institutionnelle majeure. Comme pour la ratification du traité de Lisbonne, le peuple a été soigneusement tenu à l’écart de ce rendez-vous républicain. Qu’il s’agisse de l’Europe ou de la République, l’évitement du suffrage universel est l’aveu le plus éclatant de la crise de la représentation et de l’incapacité d’y porter remède.